Vingt ans après le Manifeste du CUARH, neuf ans après le Livre Blanc du Collectif Gay Pride, et au lendemain de l'entrée en vigueur de la loi relative au pacs, la Lesbian & Gay Pride Île-de-France a confié à son Conseil, formé d'une trentaine d'associations nationales ou régionales, l'élaboration d'un nouveau livre blanc.

Il a semblé nécessaire de revenir sur notre démarche qui a conduit à la création du pacs, de réfléchir sur les principes de nos actions et sur les orientations que nous souhaitons leur donner pour les années à venir. Plutôt que de faire une analyse exhaustive de la situation française des lesbiennes et des gais, nous avons préféré centrer nos réflexions sur la discrimination et examiner, autour de cette notion, six thèmes particulièrement significatifs : les jeunes, les couples, la famille, l'immigration et le droit d'asile, la santé, le souvenir de la déportation.

Bien que la France dispose depuis 1985 d'une législation interdisant certaines discriminations fondées sur les moeurs, son dispositif doit être renforcé afin d'être plus homogène, plus complet, plus efficace. Il doit être assorti d'une politique sociale comportant des actions spécifiques contre l'homophobie et la lesbophobie. Cette politique doit notamment reconnaître le rôle social des associations, qui sont un signe de vitalité de

la société, car elles visent à reconstruire ce lien fragilisé par l'inégalité dans laquelle l'homophobie et la lesbophobie enferment les gais et lesbiennes.

Si la discrimination consiste en une inégalité de traitement, ceci suppose deux termes. Pour réfuter l'existence d'une discrimination, la tactique la plus simple aura été de nier l'existence d'un des termes : le couple homosexuel n'est pas un couple, la famille homoparentale n'est pas une famille. La discrimination résulte alors d'une carence du droit civil, qui ignore volontairement des situations réelles. C'est par la reconnaissance de nouveaux droits que ces carences pourront être corrigées.